mardi 22 avril 2008

Voyage, voyage...

Message particulier : clin d'oeil a Fabienne. Bisous.

Maintenant que vous avez pu vous faire une idee de la vie de notre petite famille d'accueil, voici comment nous avons fait intrusion chez eux...
C'est donc Enkhee, notre guide, qui nous a emmene chez sa famille, sur la proposition de Tuya, la dynamique directrice de "Mongolie Voyages" a UB.

"Cadre enchanteur, guide francophone, la Mongolie "vraie" , pas de touristes, des monuments et des grottes chamaniques, une source a energie positive" ... bref le reve a 700 km d' Ulaan Baatar...
Et a priori pas trop de routes, "cela se fait dans la journee" nous dit-on.
Et en plus, pas cher du tout.

Rendez-vous est donc pris pour le samedi matin 9 h..

Et deja, nous commencons a toucher du doigt une certaine realite mongole. Le minibus dispose de neuf places ... et nous partons a onze, dont un bebe de 7 mois. Plus les bagages.
2 km plus tard, bref arret " reparation de pneu". On repart.
1 km de plus et nouvel arret. Des gens charges de nombreux paquets s'approchent de nous...
" On va certainement charger les paquets pour ramener au pays. C'est le DHL mongol..." se dit-on.
Ben non... C'est bien deux passagers de plus...et leurs bagages.
Et c'est reparti a treize voyageurs !

Jusqu'ici tout va bien...

Nous empruntons alors une des quatre routes bitumees de Mongolie, direction d'abord Erdenet, deuxieme ou troisieme ville de Mongolie, selon les jours.
Arrivee a Erdenet vers 18 h. 390 km, 9 heures, pauses "pour faire boire le cheval" comprises.
Bon, c'est pas tres rapide, mais puisqu'on nous a dit que "cela se fait dans la journee", aucune raison de s'inquieter. On quitte maintenant la route bitumee...

La, ca se complique...

Vers 20 h, apres deux heures de piste a 20 km/h, nous posons quand meme la question a Enkhee :
"Tu crois que nous serons arrives vers 22h, 23 h ou plutot minuit ?"
Reponse, avec un petit rire gene :
" Oh, peut-etre au petit matin...
- Au petit matin ? Tu veux dire vers 2 ou 3 heures, c'est ca ?
- Euh, non, vers 6 ou 7 heures..." Et devant nos mines deconfites, il s'empresse de preciser : " mais dans 80 km, on s'arrete pour manger." Chouette....

Et donc, a minuit ( normal, 80 km = 4 heures), arret diner dans un boui-boui au milieu de nulle part ou une dame et sa fille se levent pour nous preparer un repas. Plat unique des routiers mongols : pates, oignons, patates, mouton et gras de mouton (beaucoup).
D'ailleurs ce n'est pas les seules personnes que nous reveillerons cette nuit-la.
Il y aura aussi le garagiste a 4 heures pour changer le pneu que nous avions creve pour la deuxieme fois (la troisieme aura lieu vers 7 h) et une dame dans sa yourte, vers 5 heures, pour demander le meilleur chemin pour traverser la riviere.
Mais tout cela est normal, ici, cela ne peut fonctionner que comme ca. La solidarite est indispensable, au milieu de rien, quand il faut 4 ou 5 heures de pistes pour relier deux villages et qu'il fait moins dix dehors.

Resultat des courses, nous sommes arrives a Erdenebulgan a 9 h, soit apres 24 heures de routes et de pistes, a la vitesse faramineuse donc de 20 km/h, en ayant passe une dizaine de rivieres plus ou moins gelees, apres s'etre perdu une fois ou deux, apres avoir rencontre, au milieu de la nuit, une famille transie autour d'un petit feu, en attendant le retour du pere, parti a la ville voisine chercher la piece necessaire pour reparer leur camion...
Et la, ce n'est que l'aller.


Nous avons passe une journee a Erdenebulgan, le village des parents d'Enkhee. Sa maman tient la pharmacie du village (service 24/24, comme le reste), que voici :


Il y a aussi une station essence ...


...et la mairie.


Nous verrons l'ecole au retour.

Le soir, discussion, presentation, preparation, couture...


"Bayartla, Enechinbish" pour la reparation du jean's

Le lendemain, depart avec le 4X4 familial (et russe) pour rejoindre la campagne.
Distance annoncee 60 km. Temps estime 3 heures... ou plus (?).
Et cela va etre plus, evidemment.
Donc nous partons a 8 heures 30, sous le premier flocon de neige de la journee.
Les deux premieres heures se passent bien... a fond la caisse dans les rivieres gelees et sur les pistes . Et au pied du col, les choses se compliquent.

Il y a de la neige sur le chemin... et sous la neige, de la glace.
Comme il n'y a pas de treuil sur la voiture, voici venir le treuil mongol : les passagers !

Et comme cela ne suffit pas, changement de strategie : on enleve la neige en improvisant un petit balai avec des branches mortes ....

... puis on casse la glace avec la hache ...

... un petit coup de treuil...


... super, on a avance de 20 m ...


... et ca repatine ... alors on recommence tout...


Le tout pour passer le "petit col"... Soit 4 heures pour, peut-etre, 3 kilometres . Tout en souriant, sans une once d'agacement... l'habitude, surement !? De toutes facons, il faut passer, alors, on balaie et on rigole...
Meme s'il fait tres froid et que Sophie pense que ses pieds ne degeleront plus jamais. Mais c'est pas grave, se dit Thierry, puisqu'on ne passera jamais le col avant la nuit...

Et finalement, vers 16 h... on y arrive. Soit huit heures au lieu de trois. Normal...
Nous arrivons donc dans la charmante cabane de Pulamsvren. 4 m sur 4, energie solaire pour la lampe et la tele par satellite, vue sur le marais, toutes commodites a l'exterieur. Et deco "peau de loup" garantie authentique, flingue la semaine precedente par Inkbat...




A nous les joies de la campagne ...


... aller chercher l'eau a la riviere...

... traire les vaches et soigner les veaux ...


... aller chercher les troupeaux, a cheval, le soir, pour les proteger des loups...


... ou pour les soins...



et surtout pour un soin un peu particulier. Ce qui va suivre peut choquer, encore une fois. Surtout les messieurs. Mais ce n'est pas grave. Nous nous devions de rapporter cela, quoi qu il nous en coute.
Dans le troupeau de chevaux restaient deux jeunes poulains "entier", ou autrement dit, deux etalons. Comme, pour ameliorer son cheptel, Inkbat allait, le lendemain, acheter un nouvel etalon et qu'il ne saurait y avoir d'autres etalons dans le troupeau, il n'y avait qu'une seule solution : non pas la manifestation (humour de Sophie) mais ... l'emasculation.

Donc on capture et on attache solidement l'interresse...


... on incise...
... on repere et on extrait,
... on coupe et on recupere ...

et comme ici rien ne se perd... un peu d'alu et, hop... en papillottes dans le feu de bois !

Et la, ne reculant devant aucun sacrifice et pour la plus grande gloire de la science culinaire francaise, nous avons goute.
Verdict : aucun gout mais tres caoutchouteux.

Nous sommes aussi alles a la chasse...

Meme le chien a sa part ...

Photo superbement bucolique, non ?

Puis nous somme partis en balade a cheval durant deux jours avec Enkhee et son frere ... qui nous ont d'abord tenu en laisse, de peur que nos chevaux ne s'emballent ( ils n'ont jamais ete montes par des touristes et sont assez nerveux).

Ici Thierry (c'est la photo la moins ridicule, les chevaux mongols sont assez petits) avec son superbe cheval "mouton"... exemplaire unique qui suscite meme la perplexite de son proprietaire mongol.

Nous sommes donc alles rendre visite a la maman de Bayer-La, qui vit dans sa yourte a trois heures de cheval de la cabane.

Passage de la riviere gelee, testee precedemment a gros coups de buches... Ouf, ca tient !


Cette dame de soixante dix ans (peut etre, c'est assez difficile a dire...) vit avec son petit fils de 15 ans.

Comme tous les nomades de la region, ils elevent des chevaux et des vaches.
Et cette dame n'est jamais sortie de sa vallee... ou du village d'Erdenebulgan, a proximite.
Et comme elle n'a pas la tele ... c'est la premiere fois qu'elle voyait des europeens.
Apres avoir un moment regarde ses pieds, elle s'est lance dans un examen plus detaille de nos personnes... elle a convenu, par le truchement d'Enkhee, que nous etions "interessants". Surtout au niveau des nez (extremement longs) et des yeux (clairs ... ).

Ceci fait, nous avons passe une soiree agreable. Mais une nuit d'enfer...
Car cette brave dame se prepare a changer de lieu de vie dans les jours qui suivent, et a donc commence a enlever des epaisseurs de laine de yacks autour de sa yourte pour les charger par la suite sur sa "remorque a boeuf".


Et comme les nuits sont tres froides en cette saison (- 10), cela donne, dans la nuit, quand le feu s'est eteint, un petit - 5 dans la yourte. Et malgre notre equipement hautement technique et les manteaux mongols (les deels) dont notre hote nous avait consciencieusement bordes, ce fut la nuit la plus dure que nous n'ayons jamais passe...





Aussi sommes-nous bien vite retournes nous mettre au chaud chez Pulamsvren...
L'occasion de partager encore quelques moments de travail ou de detente avec sa famille....



... comme l'ecoute du MP3 ou des parties de "speed" endiablees, par exemple...


Puis apres la traditionnelle photo de depart, nous avons repris notre route.
Cette fois-ci sans neige mais avec de la boue. Trop pour notre vehicule.
Nous avons donc ressorti le treuil mongol. Et carrement ouvert, parfois, un nouveau chemin pour pouvoir repasser ce col. A noter que le voyage est beaucoup moins complique l'hiver : il suffit de rouler sur la riviere.

Petite video d'ambiance...





En chemin, nous avons rencontre des nouveaux copains :


Cool la coupe...

Nous en avons meme ramene un avec nous dans le 4X4...



Ce fut malheureusement une amitie de courte duree.
Puisque le re-voici deux heures apres... derriere Sophie...

... et un peu dans la bassine aussi !

Ce fut un peu dur, les tripes encore chaudes au repas du soir. D'ailleurs on s'est degonfle...
Mais le lendemain, Thierry a quand meme goute un peu de boudins et de boyaux... et nous avons teste aussi les supers beignets au foie. Que du bonheur !
Nous n'avons pas pu prendre des photos de tout ce que nous avons pu manger pendant ce sejour.
Majoritairement a base de farine (pates, beignets...) et de viandes sechees ou fraiches, sauvages (chevreuil, poissons...) ou domestiques (boeuf, mouton ou cheval), l'alimentation mongole ne comprend que peu de legumes (juste des oignons en hiver) et surtout beaucoup de gras (pour le froid ?) et de lait. C'est parfois surprenant, toujours assez bon (pour nos sens d'europeens) mais parfois monotone... et toujours offert avec le sourire.

Nous sommes aussi alles rencontrer les ecoliers du village d'Erdenebulgan.
Ici les classes des 6/8 ans...


Et celle des 10 / 12 ans.

La scolarite est obligatoire en Mongolie, a partir de 6 ans. Chaque village dispose d'une ecole mais c'est parfois plus difficile pour les nomades. Pulamsvren, comme beaucoup, habitera surement chez ses grand-parents. D'autres vont a l'internat.
Mais de plus en plus d'enfants restent a la yourte pour aider ou pratiquent l'alternance, comme une famille qui envoie ses fils chacun leur tour tous les 15 jours.

Chaque classe comprend a peu pres 30 eleves. On apprend a lire et ecrire le mongol, a compter, puis l'histoire mongole, la geographie et les maths dans les grandes classes.
Les batiments sont en bois, , chauffes au poele a bois et assez vetustes.
Mais a Erdenebulgan, on construit une nouvelle ecole. Ouverture prevue a la rentree prochaine.


Enfin, nous avons repris la (longue...) route d'Oulan Bator.
Comme finalement aucune voiture ne partait du village ces jours-la, nous avons emprunte le 4X4 familial pour nous rendre au village suivant ( 2h30 de pistes).


Ou nous avons trouve un minibus pour Erdenet (depart prevu a 14h, effectif a 16h30 pour cause de vente de laine cashmire).
Apres 5 arrets non prevus (nouveau passager, admiration de la riviere, plaisanterie avec des routiers en panne, enfant malade et serie televisee coreenne qui passionne litteralement les mongols) qui ont eu le don de nous agacer serieusement, nous sommes arrives a Erdenet a 1h30 du matin (soit 9h30 au lieu des 5h annoncees).
Devant l'impossibilite de trouver une voiture a cette heure-la pour UB, nous avons passe la nuit dans la yourte du chauffeur ( qui a envoye ses enfants dormir on ne sait ou pour nous faire de la place). Encore normal...Puis nous avons loue un taxi le lendemain pour parcourir les 400 km nous separant d'Oulan Bator.
Record donc battu, 700 km en 28h !
Mais ce sont la (entre autres) les joies du voyage...

un ovoo, "cairn" chamanique jalonnant les routes...

3 commentaires:

  1. bonjour,sophie et thierry,je suis devenue une accro de votre blog,merci pour tous ces moments extraordinaires que vous nous faites partager!avec l'humour en plus,je suppose qu'il en faut pour affronter les imprévus!!je n'ai qu'un seul regret,c'est de ne pas avoir 30ans de moins pour pouvoir réaliser de pareils voyages.la vision des boyaux dans la cuvette m'a toutefois ramené pas mal d'années en arrière lorsqu'en ardèche on tuait le cochon et que je devais participer au lavage des tripes dans l'eau glaçée de la rivière,j'en ai encore l'odeur dans le nez en y repensant!!bonne route et à bientôt. solange .

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  2. Ben si ça c'est pas l'aventure avec un grand A, le voyage avec un grand V!!! Merci de nous avoir raconté ces quelques jours en Mongolie... Vous devez être en route pour Pékin aujourd'hui (Raffarin aussi!)... Prochain rendez vous en Chine! Plein de bizzz à vous deux.

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  3. Coucou les nomades. Absence de commentaires ne rime pas avec désintérêt. N'allez surtout pas imaginer que nous ne lisons plus vos aventures. Bien au contraire, il nous arrive même de nous connecter 3 fois par jour, juste pour avoir le plaisir de vous lire. La raison de mon silence est simple : de telles images, une telle expérience ne peut se contenter de quelques banalités. Après la lecture de vos aventures mongoles, j'ai ressenti un tas de sentiments très contradictoires : un mélange d'incompréhension, de dégoût mais aussi de tendresse, et de respect. Pour siter mon cousin, je dirais que mon "éducation judéo-chrétienne" a du mal à accepter certaines choses (heureusement que chez nous on émascule pas tous les mâles quand il y en a déjà un dans la meute, sinon Schétan aurait eu du souci à se faire pour ses coucouniettes, après tout Sirus était là avant lui ...).
    En tout cas je vous envie car cela a du être une expérience humaine inoubliable.
    Puiisiez-vous en vivre beaucoup d'autres.
    Bises de de toute la famille

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