samedi 7 février 2009

D'Ushuaïa à Puerto Natales...

"Janvier et ses voeux, c'est fini..." Effectivement, il est plus que temps de remettre à jour notre blog. Alors, on y retourne et on va tenter de vous faire voyager encore un peu avec nous ...


***

Tout est parti d'une idée très simple, exprimée autour d'une carte de la Terre de Feu : aller jusqu'à Porvenir, petite ville au bord du détroit de Magellan, pour traverser celui-ci en ferry et rejoindre Punta Arenas puis Puerto Natales, au Chili.

Super simple, avec le bateau sur le détroit, la classe ...

Sauf que pour aller à Porvenir, il n'existe aucune ligne de bus. Reste donc une solution, le bus pour Rio Grande ... puis le stop pour Porvenir.
Après tout, les gens ici sont sympas et serviables, cela ne devrait pas poser trop de problèmes, et d'après l'aubergiste, il y a pleins de personnes qui vont prendre le bateau là-bas ....

Nous voilà donc partis un matin d'Ushuaïa et, vers 13h30, nous prenions position, stratégiquement, sur la route vers la frontière et Porvenir, avec les encouragements du chauffeur de bus, qui nous a quand même précisé, qu'il restait sceptique : "Personne ne va jamais là-bas, vous n'êtes pas arrivés !".


3 couples en lice : Catherine et Haldor (nos Normands du Macchu !), Sophie et Thierry, Sarah et Simon
(Lyonnais rencontrés à notre auberge et gros mangeurs de morilles chiliennes! )




Effectivement, dans un vent glacial et malgré tous nos efforts (certains s'y sont donnés pourtant à "corps" joie !), à 16h00, nous étions toujours au point de départ, ou presque : Haldor et Catherine avaient réussi à se faire transporter au moins ... 5 km plus loin.

Cri du cœur d'Haldor...

C'est alors qu'un petit miracle intervint, sous la forme d'un minibus-9 places conduit par Hans, un Chilien de Punta Arenas. Il revenait d'Ushuaïa à vide et voulait bien nous mener, tous les six, jusqu'à la frontière argentine, à 100 bornes de là...

"Mais pas plus loin, parce que les Argentins vont me faire des ennuis sinon ! ".

Il aurait dû en rester là ... mais à quelques kilomètres de la frontière, changement d'avis : " Pour 10 dollars US chacun, je vous emmène à Punta Arenas !"
Moment d'hésitation... mais comme le stop n'est semble-t-il pas très bien vu par les Argentins et que personne ne va vers Porvenir, nous changeons nos plans ... va pour Punta Arenas !

Mais avant, il faut passer la douane argentine, à pieds, pour ne pas causer de souci à notre chauffeur. Nous descendons donc à la station essence qui précède le poste frontière et nous pointons gentiment devant des gendarmes argentins très interrogatifs :
"Vous êtes venus comment ?
- Ben, en stop ...
- Et vous repartez comment ?
- Ben, pareil."

Avec une moue sceptique, le douanier nous tamponne les passeports, pendant que notre samaritain se gare et nous attend patiemment ... à deux cents mètres de là, au vu de tout le monde.

A la sortie du poste, un gendarme revient à la charge :
" Vous ne partez pas avec la camionnette blanche là-bas ?
- Non, pas du tout, on fait du stop."

Et nous partons tranquillement sur la piste qui nous sépare de la douane chilienne, 16 km plus loin. Nous essayons discrètement de faire comprendre à Hans que nous sommes surveillés. Il part donc plus loin, et dans un virage, sans visibilité pour les gendarmes, nous charge le plus rapidement possible dans le van et démarre sur les chapeaux de roues vers le poste chilien.

Nous parcourons rapidement 5 ou 6 kilomètres de la zone franche, assez contents du coup joué aux gendarmes argentins... jusqu'à ce que Simon pose la bonne question :" Et qui est-ce qui surveille la zone franche ? Ils vont jusqu'où, les Argentins ?"

Réponse immédiate : dans un virage, au milieu du trajet, un véhicule blindé argentin et trois gendarmes nous attendent gentiment...
Arrêt sur le bas côté, contrôle des papiers et décision immédiate : transport au noir et surcharge du véhicule (nous sommes 7 à bord, c'est semble-t-il interdit ici) égal retour au poste frontière, chez les gendarmes !

Au poste, tout le monde descend et démarrent les interrogatoires croisés : "Combien vous a-t-il demandé pour vous conduire ? Vous lui avez donné de l'argent ? Il vous a pris où ... ? "

Devant nos réponses cohérentes, le chef nous remet "en liberté", en nous disant que nous pouvons partir vers le Chili ... à pied ! Et gardant le chauffeur dans ses bureaux, il nous indique la sortie.

16 km de piste, une paille avec nos 15 ou 20 kilos sur le dos ! Mais rien en comparaison des possibles ennuis d'Hans, dont nous n'avons eu, depuis, malheureusement aucune nouvelle.

En plus, histoire sûrement de nous faire payer nos mensonges, les douaniers semblent avoir fait la leçon à tous les véhicules qui suivaient derrière. Aucun n'a même voulu s'arrêter pour discuter...

... il nous a fallu stopper un véhicule venant en sens inverse... un monsieur sympa qui a bien voulu faire demi-tour sur 11 km pour amener au moins les sacs et deux d'entre nous au poste chilien, où ces derniers ont pu organiser, à contre-sens, le rapatriement des quatre autres.

Nous sommes donc passés au Chili, et devant la masse de véhicules qui traversait la Terre de Feu ce soir-là ( soit ... aucun !), la solution s'est imposée d'elle même : camper au poste de douane chilien ! Et espérer mieux pour le lendemain...


Une aire de camping sympa nous a été prêtée par les douaniers chiliens et, dès 6 heures, le lendemain, nous pouvions tenter notre chance pour repartir, en harponnant et sollicitant tous les véhicules passant à notre portée. Une heure trente d'attente pour les plus chanceux (Simon et Sarah) et trois heures trente pour nous, meublées en musique, toujours dans le hall de la douane.




Ce fût un peu fastidieux, entre les voitures vraiment pleines, celles vides ... mais pleines quand même ( vraiment les Argentins n'aiment pas les stoppeurs ...) et le camionneur qui voudrait bien mais qui est surveillé par son patron par satellite !

Heureusement, grâce à Alessandro et Géraldine, couple italo-français en vacances, nous avons pu rejoindre le détroit de Magellan vers 13 h.


De là, nous avons pu embarquer immédiatement dans le gros camion de Camillo, routier chilien, avec Catherine et Haldor, en carafe aussi au bord de la route... Il faut reconnaitre que les routiers chiliens sont sympas et efficaces pour les stoppeurs, beaucoup plus que leurs collègues argentins, lesquels n'ont pas le droit de prendre de passagers pour des questions d'assurance, paraît-il. Mais même avec les automobilistes, le stop en Argentine, ce n'est pas ça...

C'était cool, il allait à Punta Arenas ce camion... mais il devait décharger juste avant, sur une petite exploitation de pétrole... mais rien, trois minutes et on repart.

Au bout de trente minutes, vu qu'il y avait quatre camions devant nous et que le déchargement semblait très très long, on a changé notre fusil d'épaule et on s'est fait ramener au bord de la route, pour enchaîner tout de suite avec un autre camion qui nous a laissé au carrefour de la route entre Punta Arenas et Puerto Natales, notre destination finale.

Et là, nouveau miracle chilien, au bout de 2 minutes, un bus vide qui s'arrête ... et en avant pour Puerto Natales, 2h30 de route très confortable !

Catherine et Haldor en profitent pour récupérer...


Bilan de l'opération, deux jours pour traverser la Terre de Feu, ce qui aurait du nous en prendre une normalement ... mais surtout pleins de rencontres, heureuses et moins heureuses... et on a eu comme cela très largement le temps d'admirer la pampa et les paysages à perte de vue de la Patagonie australe...

Joyeux anniversaire Sab !