"Le peuple, uni, ne sera jamais vaincu !", le slogan chilien des années Allende / Pinochet, reconverti depuis dans toutes les luttes sociales.
Aujourd'hui, ce slogan a été largement remis à l'honneur par les dizaines de milliers de "marcheurs pacifiques", paysans, cocaléro (producteurs de feuilles de coca), mineurs, qui, après une marche de près de 200 km, ont déferlé sur La Paz pour affirmer leur soutien au président Evo Moralès.
Ils ont l'air méchants comme ça ... mais l'ambiance était extrêmement détendue.
" Ortiz (président du Sénat), Vasquez (sénateur), on aura vos têtes ! "
A droite : "Maintenant ! Les Boliviens, nous avons le droit de contrôler les politiciens corrompus et les agents de l'Etat ! ". A gauche : "pour une Bolivie digne et souveraine, oui à la nouvelle constitution".
Il serait un peu long de tout expliquer ici en détail. Mais il faut savoir que la Bolivie est un pays extrêmement pauvre. Ou plutôt un pays très riche dont les richesses ne profitent qu'à quelques uns.
Le président Moralès a été élu en 2006 et confirmé à son poste en 2008, lors d'un référendum, par 67 % des électeurs.Premier président d’origine indigène en Amérique du Sud, il représente beaucoup pour cette majorité de la population, paysanne ou ouvrière, très pauvre et exploitée depuis plusieurs siècles. Les réactions sur son passage sont d’ailleurs assez édifiantes et assez émouvantes.
Depuis plusieurs mois, il s'oppose violemment à l'opposition de droite, principalement ancrée autour de la seconde ville du pays, Santa Cruz.
Intraduisible ... pour nous ! (aymara, quechua ?).
Le gouvernement a déjà réalisé certaines réformes (mise en place d’une retraite, nationalisation des ressources pétrolières, bonus pour les enfants scolarisés …cf. article Politis plus bas).
Mais, aujourd’hui, l'enjeu majeur est une grande réforme progressiste de la constitution que propose Moralès et son parti, le MAS (Mouvement Vers le Socialisme).
Pour pouvoir soumettre ce projet de constitution au référendum (et juste cela…), le président a besoin de réunir une majorité de 2/3 des parlementaires, assemblée et sénat confondus.
Or, si le MAS est majoritaire à l'assemblée, c'est la droite qui domine au Sénat (tiens, cela rappelle quelque chose ...).
Aussi a-t-il appelé à une marche pacifique vers La Paz, la capitale, pour faire pression sur les parlementaires de droite et les amener à ratifier cette loi autorisant le référendum.
Plus de 50 000 marcheurs sont ainsi partis la semaine dernière de Coracollo et ont parcouru 200 km, marchant nuit et jour (grâce à la coca !) et sont arrivés aujourd’hui, entourés par une énorme foule de supporters, dont certains venus, à pied également, des quatre coins du pays.
Pour encore plus d’infos sur Evo et la situation bolivienne, voici un lien vers un très explcatif article de l’excellent hebdo Politis, rédigé par Martine Billard, députée verte de Paris, qui était ici récemment : http://www.politis.fr/Voyage-en-Bolivie,4641.html
Tout ce qu’elle raconte nous a été confirmé par l’ensemble des gens avec qui nous avons pu converser dans les rues aujourd’hui (jeunes, vieux, paysans ou urbains de La Paz).
200 km en sandales... dur pour les pieds !
A lire aussi une interview d’Evo Moralès à un journal mexicain et traduit (un peu bizarrement) par des Québécois sur un site alternatif : http://www.cmaq.net/node/31229
Alors que partout nous était annoncée la victoire finale du libéralisme le plus débridé et du capitalisme, l’Amérique du Sud montre l’exemple d’un virage à gauche de plus en plus marqué. Equateur (où le président Corréa a remporté un référendum similaire le 29 septembre avec 64 % des voix), Vénézuéla, Chili, Bolivie … et jusqu’au Paraguay, l’espoir d’un monde meilleur secoue les foules. Et franchement, il y a de quoi lutter.
Et nous sommes très heureux de pouvoir témoigner de cela.
¡ Hasta la victoria siempre !
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PS : l’information est tombée ici dans la nuit : un accord aurait été trouvé entre le MAS et l’opposition : le référendum devrait avoir lieu en janvier 2009. En échange, le président Moralès renonce à se représenter après 2014. Les « marcheurs » entourent toujours le parlement, après avoir passé la nuit en meeting sur la place Murillo, en attendant le vote définitif de la loi.
PS bis : feliz compleaños Anne-Marie !
Salut les amis,
RépondreSupprimerMerci pour ces témoignages, ils apportent un peu d'espoir à tous les militants anesthésiés par "la fin des illusions".
On vous laisse la surprise de l'état de l'éducation populaire ici lorsque vous rentrerez, et vous pourrez aussi nous aider à relativiser ou au contraire à nous remotiver à la lumière de vos expériences en cours.
Bises à vous
salut super le blog ca nous change du brouillard du champsaur il y a des photo magnifique vous nous fete envie mais c est comme si on voyager avec vous don merci Anne Gilberte Constance et Anaëlle
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